CAMPUS

  C'est officiel, la collection Automne/Hiver 2008 de Supreme est enfin présente dans les deux uniques magasins du continent US. On book alors au plus vite un vol pour se rendre au berceau de la Street Culture New-Yorkaise des 90'' : au 274 Lafayette Street.

  Une fois de plus, Supreme frappe un grand coup avec sa nouvelle collection et on l'examine en s'efforçant de ne pas faire attention aux prix. On tente de contrôler ses pulsions quand  soudain, toute la culture américaine nous saute à la gorge à la vue d'une seule pièce : la "Varsity jacket".

  On la regarde et tout devient plus clair, on comprend pourquoi on a tant aimé la pochette de l'album de "Poni Hoax"avec une ribambelle de pom pom girls surexcitées, pourquoi on cherche constamment un vieux gant de baseball pour poser sur son étagère, pourquoi on aurait bien acheté cette lampe en casque de football américain aux couleurs des Raiders, pourquoi on a une planche de skate sans roues qui traîne sur son bureau et pourquoi on bloque depuis toujours sur les ballons "Spalding" de l'Equilibrium de Jeff Koons.

  Qu'on le veuille ou non, la culture Street et sportive américaine est devenue tellement classique qu'elle a transformé ses représentations en objets fétiches. Alors évidemment que l'on vend un rein sans réfléchir pour s'offrir cette veste qui ne nous protégera pas du froid (parce qu'il y a les chapkas pour ça), et évidemment qu'on vend aussi l'autre pour pouvoir faire son teddy perso chez "TM Athletics".

RANDO BRITISH

  Aujourd'hui, on erre sans conviction dans les beaux magasins anglais et on tombe soudain nez à nez avec une marque qui nous comprend. Une marque qui sait que tout ce qu'on souhaite au fond, c'est de pêcher à la mouche en noeud papillon dans les eaux stagnantes d'une rivière sombre et de lancer le bâton à sa meute de seize labradors avec une veste en tweed quadrillée.

  Une marque qui sait qu'on voudrait bien partir à cheval avec son frère jumeau, coiffé d'un chapeau melon pour se protéger des rayons de soleil inexistant de la pampa écossaise. Une marque qui a compris que l'on rêve de se promener en bottes de pluie la nuit dans la forêt, une vieille canne à la main, pour aller pique-niquer sur un plaid enroulé dans des lanières de cuir. Une marque qui a deviné qu'un athlète élégant sommeille en chacun de nous quand la ligne d'arrivée a été remplacée par une écharpe en cachemire où il est brodé Hackett en tout petit. 

DE COM PO Si TION

  Cela va faire un petit moment que la slow-motion est à la mode. Depuis la sortie de la caméra PhantomHD qui filme en 1000 images par seconde, on s'est mis à shooter un peu tout et n'importe quoi pourvu que ce soit au ralenti.

  On s'est alors extasié devant la vidéo "Lakai" de Ty Evans et Spike Jonze, puis devant le clip de "Muscles" qui n'arrive pas à la cheville du magnifique "Birds" de Pleix, devant une pub Schweppes et une multitude de conneries comme l'explosion d'un pot de mayonnaise par un moteur de Zodiac. C'est d'ailleurs devenu une véritable émission sur Discovery Channel : "Time Warp".

  Alors inutile de dire que le ralenti c'est devenu chiant, et un certain Martin Hilpolsteiner l'a bien compris en créant le "MoFrames". Basé aussi sur l'intérêt instinctif de la décomposition, ce procédé permet de séparer chaque image les unes à la suite des autres dans un espace en trois dimensions. On peut alors se promener à l'intérieur d'un mouvement, comprendre ce qui cloche dans son swing, bosser son hardflip et même faire un clip multi-récompensé pour "The Presets".

THE WORLD MUSIC IS YOURS

  Et oui, la nouvelle est tombée la semaine dernière:Pitchfork a donné la note de 8.4/10 à "Welcome to Mali", le sixième album d'Amadou et Mariam. Quand on apprend ce genre de nouvelle, on se pose sur une chaise en Formica, et on fait le point:

  On se souvient alors d'Alexis Taylor, le chanteur du groupe Hot Chip, qui a tapé en boubou sur des congas pendant toute la tournée de leur dernier album "Made in the dark". On sait aussi qu'ils vont travailler avec Peter Gabriel, une des plus grandes références world musicale.

  On repense au groupe Yeasayer qui a marqué l'année 2007 avec son magnifique morceau

 "2080" et on s'aperçoit que le titre très kwaito (mélange de House et de rythmiques sud-africaines enrobées de basses) "Township Funk" de Dj Mujava (Warp) tourne en boucle sur Itunes. 

  On se remémore aussi tous les grands classiques tels que Zombie de Fela Kuti (Nigéria-1977), l'album éponyme du Buena Vista Social Club (Cuba-1997) ainsi que The Radio Tisdas Sessions de Tinariwen (Mali-2000) et ça fait du bien.

  Du coup, on se lève en pleine nuit, on mouille ses chaussons sur l'herbe recouverte par la rosée pour aller dans le petit abri caché sous le noyer au fond du jardin. On prend sa plus belle pioche, et on déterre la World Music.

LISA BLACK

  Il y a des jours où on aime bien écouter l'album des "Fleet Foxes", on s'imagine alors dans la forêt, en train de gambader, à la recherche de quelque chose d'un peu plus authentique, d'un peu plus malodorant, d'un peu plus "Into the Wild" en fin de compte.

  Mais au beau milieu du morceau "Ragged Wood", on tombe par hasard sur les sculptures d'une jeune inconnue, et tout se casse la gueule. Tous nos désirs de liberté dans les montagnes sont anéantis en une seconde par les délires "Steam Punk" d'une petite brune néo-zélandaise qui transforme Bambi en dangereux T1000.

  Le "Steam Punk" est un courant de plus en plus courant qui mêle la technologie à la romance. Il représente une oeuvre de science-fiction écrite aujourd'hui, mais qui se déroule au XIXème siècle. Tout ça c'est très cool mais est-ce que c'est une raison valable pour nous pourrir la journée ?

  Oui.

NOEUD-PAPILLONER

  Depuis quelques temps, le noeud papillon est devenu l'accessoire de l'homme bien dans ses botillons. Après avoir été noué à l'univers des géronto-cocktails, le noeud-pap a enfin réussi à se libérer pour se retrouver au devant de la scène.

  Le problème, c'est qu'il n'est pas toujours évident à porter. Alors par manque de ténacité, on peut se braquer et finir par brûler la terre entière pour dire merde à cette société qui repose sur tant de codes superficiels.

  Heureusement, David Hart & Co. a trouvé la solution : Le "Bow-tie" en anglais, qui ne va avec rien donc avec tout. Entièrement fait à la main à NY, il coûte quand même 115 dollars pièce, ce qui au final n'est pas grand chose pour éviter la fin du monde.

SAVED TATTOO

  Quand on marche dans les petites rues de Châtelet, il n'est pas rare de vomir son grec rien qu'à l'idée de se faire tatouer sur la hanche des petits signes chinois qui ne veulent rien dire. Cet acte est sûrement l'un des pires que l'on puisse faire dans une vie et c'est à moment précis qu'intervient Scott Campbell.

  Scott Campbell est aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs tatoueurs du monde. C'est aprés avoir étudié dans plusieurs pays les traditions du tatouage, qu'il ouvre en 2004 à Brooklyn l'atelier SavedTattoo, véritable Mecque du tatouage aux allures de cabinet de curiosités. 

  Appartenant à la bande de Dash Snow (les étoiles montantes de l'art contemporain américain), le jeune homme s'est équipé d'un laser qui lui permet de décliner son art à peu prés partout : coussins, tables, chaises, livres, billets, etc...

  Mais Campbell est loin d'être un décorateur, le tatouage, qu'il soit débile ou recherché est avant tout un élan du coeur, une impulsion dévastatrice pour des gens qui ont besoin de reprendre le contrôle sur eux-même grâce à un symbole. Il se définit à la fois comme un psy travaillant contre la peau et comme un artiste qui laisse ensuite son oeuvre vivre sa vie. 

  Inutile de vous dire qu'il est impossible d'obtenir un tatouage du jeune prodige sans prendre rendez-vous très longtemps à l'avance, à moins de s'appeler Terry Richardson, Marc Jacobs, Lily Cole ou Mlle Agnès qui s'est faite tatouer pendant le vernissage même de l'artiste.

  Votre seule chance sera peut-être de vous faire tatouer aux "journées portes ouvertes" qu'il organise lors de la fête des mères, un must absolu.

source: Jalouse NY, Youtube, PSFK conference.

UNE HYENE EN LAISSE

  Quand on est dompteur de hyènes au Nigéria, on aime bien se promener en ville à la cool, rencontrer des dresseurs de macaques, faire un tour en mob, et qui sait peut-être, apprendre la vie à deux trois racailles du clip "Stress" qui passeraient par là.

  PIeter hugo est un photographe sud-africain représenté par la galerie Yossi Milo à New York, il vient de remporter le prix Découverte des Rencontres d'Arles grâce à sa série "The Hyena and Other Men". 

  Ces photos, en plus de la tension presque palpable qu'elles dégagent, traitent avec subtilité du rapport complexe entre dominant et dominé. Une idée qui se définirait très bien par l'interrogation suivante. Qui balade qui au juste?

 

 

 

INFLATABLE CHESTERFIELD

  Il fait froid aujourd'hui et se blottir dans un vieux Chesterfield avec un bouquin qui parle de stratégie guerrières ne serait pas de refus. En plus, on revient en RER de l'expo de Jeff Koons à Versailles et on se dit en regardant le paysage noir et brumeux que les formes gonflables c'est quand même hyper rassurant en ces temps de crise.

  C'est pour cela que Jeroen Van de Kant a créé le Blofield, ce canapé gonflable qui a fait fureur au dernier Salon de Milan. Livré dans sa malle à roulettes avec son gonfleur électrique, il est prêt à l'emploi en quelques minutes et sa surface en PVC et vinyle est très résistante. Mais au final, tout ça on s'en fout pas mal, pourvu qu'on l'ait sur son parquet. 

  

NON-EDITO

  C'est décidé, il n' y aura pas d'édito pour Boducon. 

  Non, il n' y aura pas un petit message de présentation qui vous explique son but précis, il n' y aura pas d'indications, il n' y aura pas un paragraphe plein d'esprit pour accrocher l'internaute qui s'ennuie, il n' y aura pas de références pour annoncer la couleur, il n' y aura pas de blagues, il n' y aura pas de name-dropping, il n' y aura de jeux de mots, il n' y aura pas d'explications sur le choix de ce nom, pas de proverbes ni de citations d'Oscar Wilde, il n' y aura pas de conseils du style "Mettez dés maintenant ce blog dans vos favoris", il n' y aura pas de barbarismes ni de mots en anglais, pas de tutoiements, pas de prix, pas le mot "dandy", pas de façons de montrer qu'on préfère Mac à PC, pas d'expressions comme "junk-food", pas de mots interdits aux moins de dix-huit ans, pas d'onomatopées, bref pas de démonstration de cool, il n' y aura rien. Rien de tout ça, et surtout pas un édito caché derrière un non-édito.